Cohorte de femmes atteintes d’un cancer du sein localisé

CANcer TOxicities. Cohorte de femmes atteintes d'un cancer du sein localisé : étude des toxicités chroniques des traitements anticancéreux

L’étude CANTO vise à décrire les toxicités chroniques des traitements anticancéreux, d’identifier les populations susceptibles de les développer et d’adapter les traitements en conséquence pour garantir une meilleure qualité de vie.

Objectifs de la cohorte

L'étude CANTO accompagne pendant dix ans plus de 13 000 femmes traitées pour un cancer du sein.

Le projet présente quatre objectifs spécifiques :

  • Répertorier les évènements indésirables survenus chez ces femmes et potentiellement liés à la toxicité chronique des traitements anti-cancéreux (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie…).
  • Décrire la toxicité chronique de ces traitements (incidence, tableau clinique et biologique...)
  • Décrire l'impact psycho-social et économique des toxicités chroniques 
  • Développer des modèles prédictifs de la toxicité chronique, à partir de l'étude des polymorphismes génétiques (SNP arrays, variants génétiques) et des biomarqueurs sériques (protéines, anticorps).

Sa finalité est d'améliorer la qualité de vie des femmes traitées pour un cancer du sein localisé en prévenant les effets toxiques des traitements. Elle s'inscrit dans un des axes du Plan Cancer 2 : la vie après le cancer.

Direction et gouvernance

L'étude CANTO est coordonnée par le Dr Fabrice André, cancérologue à l'Institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR, Villejuif) et directeur de recherche à l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm), dans l'unité Inserm U981 - Institut Gustave Roussy – Université Paris-Sud 11 « Biomarqueurs prédicteurs et nouvelles stratégies moléculaires en thérapeutique anticancéreuse ».

  • I Vaz Luis et al., UNICANCER- French prospective cohort study of treatment-related chronic toxicity in women with localized breast cancer (CANTO), ESMO Open, 2019
  • Di Meglio et al., Body weight and return to work among survivors of early-stage breast cancer, ESMO Open, 2020
  • S. Lee et al., Prediction of Breast Cancer Treatment-Induced Fatigue by Machine Learning Using Genome-Wide Association Data, JNCI cancer spectrum, 2020
  • A Dumas et al., Impact of Breast Cancer Treatment and its Physical and Psychological Late Effects on Employment – Results of a Multicenter Prospective Cohort Study (CANTO), Journal of Clinical Oncology, 2020
  • B Pistilli et al., Serum detection of non-adherence to adjuvant tamoxifen and breast cancer recurrence risk, Journal of Clinical Oncology, 2020
  • Plus de publications ici.       

Modalités d'accès aux données

  • Le porteur de projet souhaitant utiliser la base de données et/ou la collection échantillons peut contacter l’équipe en charge de la cohorte à UNICANCER via l’adresse canto@unicancer.fr.
  • Une fiche descriptive type doit être rempli par le porteur de projets, afin de pouvoir la diffuser au comité exécutif de l’étude CANTO.
  • Si le projet est accepté, alors le porteur est informé et un contrat de transfert de données/échantillons est établi.
  • La base de données recueillant les informations de l'étude est hébergée par Unicancer (hébergeur HDS). 
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  • Actualité
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A l’occasion de la campagne test de recueil de données menée par l’équipe Elfe auprès de leur cohorte pilote composée d’adolescents de 15 ans, nous avons souhaité donner la parole à Marie-Aline Charles, directrice de l’étude Elfe, et Grégoire Rey, directeur de l’infrastructure nationale France Cohortes, pour faire le point sur la collaboration entre les deux équipes.

Echange entre Marie-Aline Charles et Grégoire Rey

L'équipe Elfe vient de lancer une campagne test de recueil de données auprès d'un groupe d’adolescents de 15 ans, et dispose désormais de toutes ses données dans le système d’information de France Cohortes. Comment vivez-vous cette étape ?

Marie-Aline Charles : 

Elfe est la première cohorte française à suivre une population de 18 000 enfants depuis leur naissance en 2011 jusqu’à l’âge adulte. La cohorte aborde de multiples aspects de leur vie, afin de mieux comprendre comment leur environnement affecte leur développement, leur santé et leur socialisation. C’est une cohorte gérée à l’Ined, dans une unité mixte entre l’Ined et l’Inserm.

Elfe est également pionnière en tant que première cohorte à bénéficier des services de recueil et de traitement de données de l'infrastructure nationale France Cohortes. A présent, nous avons intégré l'ensemble de nos données dans le système d'information de France Cohortes et réalisé nos dernières enquêtes, comme la campagne test auprès de nos volontaires âgés de 15 ans.

Tout cela est le fruit d’un important travail de co-construction réalisé avec les équipes de l’infrastructure nationale, et qui va se poursuivre dans le temps.

Grégoire Rey :

La campagne test de collecte de données d'Elfe auprès des adolescents de 15 ans représente bien plus qu'un simple événement pour France Cohortes. Grâce à un travail de co-construction, notamment avec Elfe, notre infrastructure de recherche mutualisée offre désormais une base de services de collecte, de traitement et de mise à disposition de données opérationnelle.

À la suite à cette première expérience, notre organisation est plus industrialisée et mature, ce qui nous permet de nous projeter dans une prise en charge plus étendue d’acteurs et de services.

 

« Grâce à un travail de co-construction, notamment avec Elfe, France Cohortes offre désormais une base de services de  collecte,  de  traitement et de mise à disposition de données opérationnelle. » Grégoire Rey

 

Quels sont les objectifs essentiels pour la cohorte Elfe, et comment France Cohortes contribue-t-elle à les atteindre ?

Marie-Aline Charles :

Elfe recueille une quantité considérable de données auprès des volontaires, ce qui nécessite une protection maximale. Notre priorité est de garantir la sécurité de ces données au sein du système d'information (SI). Avec la croissance des enjeux liés à la sécurité des données, il était impératif pour nous de migrer vers un système plus robuste.

En outre, le maintien et la mise à jour d'un système d'information de cohorte sont coûteux et exigent des ressources humaines spécialisées.

C'est pourquoi rejoindre France Cohortes s'est révélé essentiel.

Grégoire Rey :

L’originalité de l’offre de France Cohortes est d’associer, dans une continuité de traitement, les étapes de collecte, d’intégration, de mise en qualité, de chaînage avec les données du SNDS, de catalogage, et de mise à disposition à des tiers.

Les premières valeurs ajoutées scientifiques que nous espérons pouvoir apporter à Elfe sont la possibilité d'adopter une structure et un hébergement des données et des métadonnées qui permettent de faciliter la généralisation de traitements sécurisées, conformes notamment au référentiel SNDS et à des normes de documentation.

Pour ce faire, nous sommes en train d’homologuer notre système d’information, avec, là encore, Elfe comme projet pilote. Elfe pourra ainsi assurer un suivi passif de ses volontaires, sans recourir à des questionnaires lourds et sujets à des biais de mémoire.

Nous travaillons parallèlement au vaste chantier de l'adoption d'un standard de métadonnées et de bonnes pratiques pour les renseigner et les mettre en valeur. Les données seront, nous l'espérons, plus facile à trouver, documentées de façon optimale, pour une réutilisation conforme aux exigences de rigueur en épidémiologie.

Quelles sont vos motivations à vous impliquer dans la construction de l'infrastructure nationale France Cohortes ?

Marie-Aline Charles :

Chez Elfe, nous sommes motivés depuis le début. Il nous a paru évident de participer à la construction de France Cohortes, pour faire en sorte que l’infrastructure soit bien adaptée aux besoins des cohortes

La mutualisation des expertises et la création d’outils bénéfiques à l’ensemble de la communauté des cohortes sont des sujets qui me tiennent à cœur depuis longtemps. C’est quelque chose que j’ai fait par le passé, au Centre de Recherche en Épidémiologie et Santé des Populations.

Investir dans la création d'outils profitant à l'ensemble de la communauté des cohortes en vaut la peine. Nous-mêmes profiterons des évolutions apportées par d’autres cohortes.
 
Piloter une cohorte est difficile. C’est une entreprise de long terme comportant beaucoup de challenges, à de nombreux niveaux. Le maintien de l’expertise informatique est complexe. France Cohortes est une réponse à ce nouvel enjeu de sécurité des données et de partage d’expertises avec les autres cohortes. Cela motive. Elfe sert les chercheurs, France Cohortes sert les cohortes !

 

  « La mutualisation des expertises et la création d’outils bénéfiques à l’ensemble de la communauté des cohortes sont des sujets qui me tiennent à cœur depuis longtemps. » Marie-Aline Charles

 

Grégoire Rey :  

Dans le cadre de mes activités antérieures au Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm, je menais des travaux sur des problématiques communes, notamment sur les sujets de système d’information et de réglementation, très étroitement liées aux évolutions des besoins des chercheurs.

A mon arrivée chez France Cohortes en 2021, j’ai poursuivi et approfondi le travail de co-construction déjà initié avec les cohortes. Nous réunissons par ailleurs régulièrement nos instances de pilotage [1] pour partager les grandes orientations stratégiques et de moyens. Enfin, avec la mise en exploitation de l’infrastructure, nous avons développé une relation très structurée et lisible avec notre partenaire informatique, le DSI de l’Inserm.
 
J’ai l’ambition d’emmener les services plus loin, sur des sujets métiers, comme l’accompagnement à la conception d’un questionnaire, aux bonnes pratiques de data management, voire à la mise en œuvre d’un traitement statistique recourant aux infrastructures de calcul haute performance.

Pouvez-vous nous parler des défis les plus significatifs que Elfe et France Cohortes ont dû surmonter ?

Marie-Aline Charles :

Nous avons eu au début des difficultés de compréhension, car le projet était en train de débuter et l’équipe de France Cohortes, en train de se constituer.
Un autre enjeu s’est imposé en raison d’une contrainte de calendrier liée à l’étude. Elfe est une cohorte active nécessitant la réalisation d’enquêtes à des dates immuables correspondant à un âge précis des enfants.

Tout en poursuivant nos travaux, nous avons migré petit à petit vers les outils de France Cohortes dès qu’ils étaient opérationnels. Cela a nécessité une coordination importante avec les équipes de l’infrastructure nationale.

Grégoire Rey :

L’entrée de Elfe en parallèle à la construction de l’infrastructure a effectivement nécessité une grande agilité de la part des équipes, tant au sein de France Cohortes qu’auprès de nos partenaires (DSI). Nous avons réussi à faire monter en compétence des spécialistes de la donnée et à créer une équipe multidisciplinaire.

Il est évidemment vraisemblable que dans un premier temps, Elfe aurait assuré ses nouveaux recueils plus rapidement et avec moins de pression sur son ancien mode de travail. Je tiens ici à saluer l’engagement de Marie-Aline et son équipe dans cette œuvre collective, qui in fine, profitera à tous les suivants.

Quels sont les défis auxquels vous avez dû faire face pour garantir la qualité, la sécurité et la confidentialité des données collectées dans le cadre de la cohorte Elfe ?

Marie-Aline Charles :

Nous avons rédigé l’AIPD, l’analyse d’impact relative à la protection des données, liée aux nouvelles campagnes de recueil de données (10 ans et 15 ans), indiquant où nos nouvelles données sont stockées et quelles solutions techniques sont utilisées, avec l’aide de France Cohortes.
 
Pour l’intégration des anciennes données, elle se fait dans le cadre d’une mutualisation avec la cohorte Epipage 2, qui elle-même fera l’objet prochain d’une nouvelle déclaration à la Commission nationale informatique et liberté (CNIL).

 

« Entrer dans un nouveau système d’information conforme à des exigences de sécurité extrêmement fortes nécessite un accompagnement étroit auprès des équipes scientifiques. » Grégoire Rey

 

Grégoire Rey :

Entrer dans un nouveau système d’information conforme à des exigences de sécurité extrêmement fortes nécessite un accompagnement étroit auprès des équipes scientifiques.

Pour traduire les enjeux de sécurité des données de cohortes en réalités concrètes, France Cohortes a collaboré avec tous les acteurs — les cohortes, la DPO, délégation à la protection des données, le responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI) et le DSI de l’Inserm, et informé régulièrement la CNIL des travaux menés.
 
Nous avons ainsi imaginé des solutions pour permettre une meilleure adaptation du métier aux exigences de conformité réglementaires, telle que l’attribution de rôles au sein de la cohorte et les flux de données, et inversement. Ces solutions mises en place avec Elfe vont pouvoir être mutualisées auprès d’autres cohortes.

Quelles sont vos perspectives vis-à-vis de l’infrastructure nationale ? Comment imaginez-vous qu'elle continuera à évoluer et à contribuer à la recherche et aux politiques publiques ?

Marie-Aline Charles :

En ce qui concerne Elfe, nous nous appuierons sur France Cohortes pour continuer à suivre la génération de jeunes nés en 2011 jusqu’à l’âge adulte. Le challenge, ce sont les adolescents. Il faut réussir à les motiver à devenir nos interlocuteurs à la place de leurs parents, et avec la perspective qu’à 18 ans, nous poursuivrons leur suivi.
 
Les appariements avec d’autres recueils de données constituent un autre enjeu. Je pense aux données issues du SNDS ou celles issues des évaluations scolaires nationales.

 

« Il sera de manière générale intéressant que l’infrastructure s’enrichisse d’un panel de services variés adaptés aux différents besoins des cohortes. » Marie-Aline Charles
 

A plus long terme, il faudra également que France Cohortes gère des données de génétiques et omiques, qui vont répondre à de grands enjeux pour les cohortes. Il sera de manière générale intéressant que l’infrastructure s’enrichisse d’un panel de services variés adaptés aux différents besoins des cohortes.

Grégoire Rey :

Au-delà des aspects de sécurité et d'ouverture des données, nous œuvrons à la mise en place d'un ensemble de services cohérents. Nous proposons notamment un accompagnement réglementaire sur la collecte comme sur la mise à disposition des données, et sur la communication et l'accompagnement des volontaires aux études de cohortes.

L'engagement des participants dans la durée a son importance. C'est la clé de voute d'une recherche de qualité sur des données de cohorte, et doit faire appel à des compétences en statistiques et en sciences sociales.

Quand les fonctionnalités les plus attendues par les cohortes seront accessibles aux utilisateurs de France Cohortes, nous avons aussi l'ambition de proposer un environnement permettant de développer et tester des méthodes et des outils innovants, comme des applications de recueil plus interactives avec les volontaires ou les personnels médicaux participants.

L’engagement dans un projet d’envergure peut être exigeant sur le plan personnel et professionnel. Qu’est-ce qui vous motive malgré les défis rencontrés ?

Marie-Aline Charles :

Ma carrière est axée sur une recherche portant sur les liens entre la santé et le développement de l’enfant. Il est très important pour moi de pouvoir coordonner la cohorte, et de le faire pour remplir une mission de recherche au sein de mon équipe. La cohorte est intégrée à mon projet scientifique, elle constitue un outil fondamental pour mener ce type de recherche.
 
Si j’avais un conseil à donner, c’est que les coordinateurs de cohorte aient toujours cet adossement sur une équipe de recherche. Et puis j’ai la chance de collaborer avec des équipes formidables. On ne fait rien tout seul !

 

« Nous pouvons également grandement remercier la cohorte Elfe. Nous bénéficions de son expérience dans la mise en place  et  le développement de notre offre de services. » Grégoire Rey

 

Grégoire Rey :

Ma première motivation est de contribuer à améliorer la connaissance sur des problématiques de santé publique. Voir la progression de nos services grâce au travail d’organisation, le recrutement de forces vives et expertes, la créativité dont nous avons dû faire preuve pour y arriver et le sérieux que nous y avons mis et nous mettons toujours me rendent fier et me motivent.
 
Les premiers résultats scientifiques qui sortiront en ayant eu recours à nos services seront, à n’en pas douter, un élément supplémentaire de fierté qui donneront du sens à notre action.
 
Nous pouvons également grandement remercier la cohorte Elfe, Marie-Aline et son équipe, pour leur implication et leur soutien. Nous bénéficions de leur expérience dans la mise en place et le développement de notre offre de services.

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[1] Les tutelles de France Cohortes : Inserm, Ined, Sorbonne-Université, Université Paris-Saclay, Université Paris Cité.

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Autres contenus en lien avec cet article :

Succès du lancement du projet pilote « Elfe, 15 ans »

« En tant que cohorte pilote, nous avons appris à construire un environnement et à parler un langage commun »

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Propos recueillis par Guillemette Pardoux

Photos : France Cohortes

Echange entre Marie-Aline Charles et Grégoire Rey

L'équipe Elfe vient de lancer une campagne test de recueil de données auprès d'un groupe d’adolescents de 15 ans, et dispose désormais de toutes ses données dans le système d’information de France Cohortes. Comment vivez-vous cette étape ?

Marie-Aline Charles : 

Elfe est la première cohorte française à suivre une population de 18 000 enfants depuis leur naissance en 2011 jusqu’à l’âge adulte. La cohorte aborde de multiples aspects de leur vie, afin de mieux comprendre comment leur environnement affecte leur développement, leur santé et leur socialisation. C’est une cohorte gérée à l’Ined, dans une unité mixte entre l’Ined et l’Inserm.

Elfe est également pionnière en tant que première cohorte à bénéficier des services de recueil et de traitement de données de l'infrastructure nationale France Cohortes. A présent, nous avons intégré l'ensemble de nos données dans le système d'information de France Cohortes et réalisé nos dernières enquêtes, comme la campagne test auprès de nos volontaires âgés de 15 ans.

Tout cela est le fruit d’un important travail de co-construction réalisé avec les équipes de l’infrastructure nationale, et qui va se poursuivre dans le temps.

Grégoire Rey :

La campagne test de collecte de données d'Elfe auprès des adolescents de 15 ans représente bien plus qu'un simple événement pour France Cohortes. Grâce à un travail de co-construction, notamment avec Elfe, notre infrastructure de recherche mutualisée offre désormais une base de services de collecte, de traitement et de mise à disposition de données opérationnelle.

À la suite à cette première expérience, notre organisation est plus industrialisée et mature, ce qui nous permet de nous projeter dans une prise en charge plus étendue d’acteurs et de services.

 

« Grâce à un travail de co-construction, notamment avec Elfe, France Cohortes offre désormais une base de services de  collecte,  de  traitement et de mise à disposition de données opérationnelle. » Grégoire Rey

 

Quels sont les objectifs essentiels pour la cohorte Elfe, et comment France Cohortes contribue-t-elle à les atteindre ?

Marie-Aline Charles :

Elfe recueille une quantité considérable de données auprès des volontaires, ce qui nécessite une protection maximale. Notre priorité est de garantir la sécurité de ces données au sein du système d'information (SI). Avec la croissance des enjeux liés à la sécurité des données, il était impératif pour nous de migrer vers un système plus robuste.

En outre, le maintien et la mise à jour d'un système d'information de cohorte sont coûteux et exigent des ressources humaines spécialisées.

C'est pourquoi rejoindre France Cohortes s'est révélé essentiel.

Grégoire Rey :

L’originalité de l’offre de France Cohortes est d’associer, dans une continuité de traitement, les étapes de collecte, d’intégration, de mise en qualité, de chaînage avec les données du SNDS, de catalogage, et de mise à disposition à des tiers.

Les premières valeurs ajoutées scientifiques que nous espérons pouvoir apporter à Elfe sont la possibilité d'adopter une structure et un hébergement des données et des métadonnées qui permettent de faciliter la généralisation de traitements sécurisées, conformes notamment au référentiel SNDS et à des normes de documentation.

Pour ce faire, nous sommes en train d’homologuer notre système d’information, avec, là encore, Elfe comme projet pilote. Elfe pourra ainsi assurer un suivi passif de ses volontaires, sans recourir à des questionnaires lourds et sujets à des biais de mémoire.

Nous travaillons parallèlement au vaste chantier de l'adoption d'un standard de métadonnées et de bonnes pratiques pour les renseigner et les mettre en valeur. Les données seront, nous l'espérons, plus facile à trouver, documentées de façon optimale, pour une réutilisation conforme aux exigences de rigueur en épidémiologie.

Quelles sont vos motivations à vous impliquer dans la construction de l'infrastructure nationale France Cohortes ?

Marie-Aline Charles :

Chez Elfe, nous sommes motivés depuis le début. Il nous a paru évident de participer à la construction de France Cohortes, pour faire en sorte que l’infrastructure soit bien adaptée aux besoins des cohortes

La mutualisation des expertises et la création d’outils bénéfiques à l’ensemble de la communauté des cohortes sont des sujets qui me tiennent à cœur depuis longtemps. C’est quelque chose que j’ai fait par le passé, au Centre de Recherche en Épidémiologie et Santé des Populations.

Investir dans la création d'outils profitant à l'ensemble de la communauté des cohortes en vaut la peine. Nous-mêmes profiterons des évolutions apportées par d’autres cohortes.
 
Piloter une cohorte est difficile. C’est une entreprise de long terme comportant beaucoup de challenges, à de nombreux niveaux. Le maintien de l’expertise informatique est complexe. France Cohortes est une réponse à ce nouvel enjeu de sécurité des données et de partage d’expertises avec les autres cohortes. Cela motive. Elfe sert les chercheurs, France Cohortes sert les cohortes !

 

  « La mutualisation des expertises et la création d’outils bénéfiques à l’ensemble de la communauté des cohortes sont des sujets qui me tiennent à cœur depuis longtemps. » Marie-Aline Charles

 

Grégoire Rey :  

Dans le cadre de mes activités antérieures au Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm, je menais des travaux sur des problématiques communes, notamment sur les sujets de système d’information et de réglementation, très étroitement liées aux évolutions des besoins des chercheurs.

A mon arrivée chez France Cohortes en 2021, j’ai poursuivi et approfondi le travail de co-construction déjà initié avec les cohortes. Nous réunissons par ailleurs régulièrement nos instances de pilotage [1] pour partager les grandes orientations stratégiques et de moyens. Enfin, avec la mise en exploitation de l’infrastructure, nous avons développé une relation très structurée et lisible avec notre partenaire informatique, le DSI de l’Inserm.
 
J’ai l’ambition d’emmener les services plus loin, sur des sujets métiers, comme l’accompagnement à la conception d’un questionnaire, aux bonnes pratiques de data management, voire à la mise en œuvre d’un traitement statistique recourant aux infrastructures de calcul haute performance.

Pouvez-vous nous parler des défis les plus significatifs que Elfe et France Cohortes ont dû surmonter ?

Marie-Aline Charles :

Nous avons eu au début des difficultés de compréhension, car le projet était en train de débuter et l’équipe de France Cohortes, en train de se constituer.
Un autre enjeu s’est imposé en raison d’une contrainte de calendrier liée à l’étude. Elfe est une cohorte active nécessitant la réalisation d’enquêtes à des dates immuables correspondant à un âge précis des enfants.

Tout en poursuivant nos travaux, nous avons migré petit à petit vers les outils de France Cohortes dès qu’ils étaient opérationnels. Cela a nécessité une coordination importante avec les équipes de l’infrastructure nationale.

Grégoire Rey :

L’entrée de Elfe en parallèle à la construction de l’infrastructure a effectivement nécessité une grande agilité de la part des équipes, tant au sein de France Cohortes qu’auprès de nos partenaires (DSI). Nous avons réussi à faire monter en compétence des spécialistes de la donnée et à créer une équipe multidisciplinaire.

Il est évidemment vraisemblable que dans un premier temps, Elfe aurait assuré ses nouveaux recueils plus rapidement et avec moins de pression sur son ancien mode de travail. Je tiens ici à saluer l’engagement de Marie-Aline et son équipe dans cette œuvre collective, qui in fine, profitera à tous les suivants.

Quels sont les défis auxquels vous avez dû faire face pour garantir la qualité, la sécurité et la confidentialité des données collectées dans le cadre de la cohorte Elfe ?

Marie-Aline Charles :

Nous avons rédigé l’AIPD, l’analyse d’impact relative à la protection des données, liée aux nouvelles campagnes de recueil de données (10 ans et 15 ans), indiquant où nos nouvelles données sont stockées et quelles solutions techniques sont utilisées, avec l’aide de France Cohortes.
 
Pour l’intégration des anciennes données, elle se fait dans le cadre d’une mutualisation avec la cohorte Epipage 2, qui elle-même fera l’objet prochain d’une nouvelle déclaration à la Commission nationale informatique et liberté (CNIL).

 

« Entrer dans un nouveau système d’information conforme à des exigences de sécurité extrêmement fortes nécessite un accompagnement étroit auprès des équipes scientifiques. » Grégoire Rey

 

Grégoire Rey :

Entrer dans un nouveau système d’information conforme à des exigences de sécurité extrêmement fortes nécessite un accompagnement étroit auprès des équipes scientifiques.

Pour traduire les enjeux de sécurité des données de cohortes en réalités concrètes, France Cohortes a collaboré avec tous les acteurs — les cohortes, la DPO, délégation à la protection des données, le responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI) et le DSI de l’Inserm, et informé régulièrement la CNIL des travaux menés.
 
Nous avons ainsi imaginé des solutions pour permettre une meilleure adaptation du métier aux exigences de conformité réglementaires, telle que l’attribution de rôles au sein de la cohorte et les flux de données, et inversement. Ces solutions mises en place avec Elfe vont pouvoir être mutualisées auprès d’autres cohortes.

Quelles sont vos perspectives vis-à-vis de l’infrastructure nationale ? Comment imaginez-vous qu'elle continuera à évoluer et à contribuer à la recherche et aux politiques publiques ?

Marie-Aline Charles :

En ce qui concerne Elfe, nous nous appuierons sur France Cohortes pour continuer à suivre la génération de jeunes nés en 2011 jusqu’à l’âge adulte. Le challenge, ce sont les adolescents. Il faut réussir à les motiver à devenir nos interlocuteurs à la place de leurs parents, et avec la perspective qu’à 18 ans, nous poursuivrons leur suivi.
 
Les appariements avec d’autres recueils de données constituent un autre enjeu. Je pense aux données issues du SNDS ou celles issues des évaluations scolaires nationales.

 

« Il sera de manière générale intéressant que l’infrastructure s’enrichisse d’un panel de services variés adaptés aux différents besoins des cohortes. » Marie-Aline Charles
 

A plus long terme, il faudra également que France Cohortes gère des données de génétiques et omiques, qui vont répondre à de grands enjeux pour les cohortes. Il sera de manière générale intéressant que l’infrastructure s’enrichisse d’un panel de services variés adaptés aux différents besoins des cohortes.

Grégoire Rey :

Au-delà des aspects de sécurité et d'ouverture des données, nous œuvrons à la mise en place d'un ensemble de services cohérents. Nous proposons notamment un accompagnement réglementaire sur la collecte comme sur la mise à disposition des données, et sur la communication et l'accompagnement des volontaires aux études de cohortes.

L'engagement des participants dans la durée a son importance. C'est la clé de voute d'une recherche de qualité sur des données de cohorte, et doit faire appel à des compétences en statistiques et en sciences sociales.

Quand les fonctionnalités les plus attendues par les cohortes seront accessibles aux utilisateurs de France Cohortes, nous avons aussi l'ambition de proposer un environnement permettant de développer et tester des méthodes et des outils innovants, comme des applications de recueil plus interactives avec les volontaires ou les personnels médicaux participants.

L’engagement dans un projet d’envergure peut être exigeant sur le plan personnel et professionnel. Qu’est-ce qui vous motive malgré les défis rencontrés ?

Marie-Aline Charles :

Ma carrière est axée sur une recherche portant sur les liens entre la santé et le développement de l’enfant. Il est très important pour moi de pouvoir coordonner la cohorte, et de le faire pour remplir une mission de recherche au sein de mon équipe. La cohorte est intégrée à mon projet scientifique, elle constitue un outil fondamental pour mener ce type de recherche.
 
Si j’avais un conseil à donner, c’est que les coordinateurs de cohorte aient toujours cet adossement sur une équipe de recherche. Et puis j’ai la chance de collaborer avec des équipes formidables. On ne fait rien tout seul !

 

« Nous pouvons également grandement remercier la cohorte Elfe. Nous bénéficions de son expérience dans la mise en place  et  le développement de notre offre de services. » Grégoire Rey

 

Grégoire Rey :

Ma première motivation est de contribuer à améliorer la connaissance sur des problématiques de santé publique. Voir la progression de nos services grâce au travail d’organisation, le recrutement de forces vives et expertes, la créativité dont nous avons dû faire preuve pour y arriver et le sérieux que nous y avons mis et nous mettons toujours me rendent fier et me motivent.
 
Les premiers résultats scientifiques qui sortiront en ayant eu recours à nos services seront, à n’en pas douter, un élément supplémentaire de fierté qui donneront du sens à notre action.
 
Nous pouvons également grandement remercier la cohorte Elfe, Marie-Aline et son équipe, pour leur implication et leur soutien. Nous bénéficions de leur expérience dans la mise en place et le développement de notre offre de services.

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[1] Les tutelles de France Cohortes : Inserm, Ined, Sorbonne-Université, Université Paris-Saclay, Université Paris Cité.

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Succès du lancement du projet pilote « Elfe, 15 ans »

« En tant que cohorte pilote, nous avons appris à construire un environnement et à parler un langage commun »

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Propos recueillis par Guillemette Pardoux

Photos : France Cohortes

  • France cohortes
  • Actualité
Dans le monde de la recherche et de la santé, chaque avancée ouvre de nouvelles opportunités. Aujourd'hui, nous sommes heureux de vous faire part du lancement réussi du projet pilote de collecte de données auprès d'un groupe d'adolescents de 15 ans, au sein de la cohorte Elfe, avec France Cohortes.
Des jeunes sur des marches

 

Le projet "Elfe, 15 ans" marque un pas significatif vers la création de la plateforme nationale de collecte et d'analyse de données de France Cohortes.

Le lancement de cette campagne de collecte est le résultat d'un travail de longue haleine et d'une collaboration étroite entre les équipes de France Cohortes, Elfe et le département des systèmes d'information (DSI) de l'Inserm.

Les volontaires, un groupe de jeunes de 15 ans, font preuve d'une générosité remarquable en partageant leurs données pour la recherche sur la croissance et la santé en France. C’est pourquoi nous travaillons à garantir la sécurité et la confidentialité de ces données précieuses.

Les chercheurs pourront bientôt accéder à ce trésor d'informations via la plateforme sécurisée de France Cohortes, pour mener des analyses qui auront des répercussions au-delà de la recherche, influençant les politiques publiques, les pratiques médicales et notre compréhension de la santé et de la société.

La mission de France Cohortes va donc au-delà de la recherche, c'est un engagement envers la découverte, l'innovation et la collaboration, tout en respectant la confidentialité des données des participants.

Grâce à Elfe, d'autres cohortes pourront bénéficier des services mutualisés, au service de la santé publique en France.

Pour en savoir davantage sur cette réalisation, découvrez les témoignages d’acteurs clés :

« Les services de France Cohortes sont avant tout le fruit d’une co-construction », interview de Marie-Aline Charles de Elfe, et Grégoire Rey de France Cohortes.

« En tant que cohorte pilote, nous avons appris à construire un environnement et à parler un langage commun avec France Cohortes », interview d'Iris Hourani et Thierry Siméon de Elfe.

Des jeunes sur des marches

 

Le projet "Elfe, 15 ans" marque un pas significatif vers la création de la plateforme nationale de collecte et d'analyse de données de France Cohortes.

Le lancement de cette campagne de collecte est le résultat d'un travail de longue haleine et d'une collaboration étroite entre les équipes de France Cohortes, Elfe et le département des systèmes d'information (DSI) de l'Inserm.

Les volontaires, un groupe de jeunes de 15 ans, font preuve d'une générosité remarquable en partageant leurs données pour la recherche sur la croissance et la santé en France. C’est pourquoi nous travaillons à garantir la sécurité et la confidentialité de ces données précieuses.

Les chercheurs pourront bientôt accéder à ce trésor d'informations via la plateforme sécurisée de France Cohortes, pour mener des analyses qui auront des répercussions au-delà de la recherche, influençant les politiques publiques, les pratiques médicales et notre compréhension de la santé et de la société.

La mission de France Cohortes va donc au-delà de la recherche, c'est un engagement envers la découverte, l'innovation et la collaboration, tout en respectant la confidentialité des données des participants.

Grâce à Elfe, d'autres cohortes pourront bénéficier des services mutualisés, au service de la santé publique en France.

Pour en savoir davantage sur cette réalisation, découvrez les témoignages d’acteurs clés :

« Les services de France Cohortes sont avant tout le fruit d’une co-construction », interview de Marie-Aline Charles de Elfe, et Grégoire Rey de France Cohortes.

« En tant que cohorte pilote, nous avons appris à construire un environnement et à parler un langage commun avec France Cohortes », interview d'Iris Hourani et Thierry Siméon de Elfe.

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Cet article « avancer ensemble » suit un premier article présentant les bases de la démarche FAIR au sein des cohortes de santé publique. Nous exposons ici les pistes de progressions.

Accéder au premier article (bases).

Commencer par un plan de gestion de données

La FAIRisation des données nécessite de prendre en compte le plus tôt possible la question de la structuration de la production et de la gestion de données, à travers la création d’un plan de gestion de données (PGD).

Le PGD décrit, entre autres, les objectifs recherchés par la collecte de données, les formats de données utilisés, le volume, les standards et les métadonnées, le type d’hébergement, les utilisateurs, la gouvernance, les mises à jour et les responsabilités. La rédaction d’un plan de gestion de données est un préalable à toute démarche FAIR.

Des données « aussi ouvertes que possible, aussi fermées que nécessaire »

​Rendre les données accessibles dans le cadre de la démarche FAIR ne consiste pas à partager librement des données personnelles et confidentielles de participants ou de patients. La réglementation générale sur la protection des données personnelles (RGPD) et le code de santé publique l’interdisent formellement [1].

Ce qu’il est en revanche possible de partager librement, ce sont les informations sur les données : les métadonnées. Plus ces informations sont bien documentées, plus les données sont jugées de qualité et suscitent l’intérêt d’autres chercheurs [2] [3].

Données ouvertes et sécurisées dans le parcours de la donnée

Dans tout le processus de recueil, de traitement, de partage et de réutilisation de l’information, la plus stricte confidentialité des informations est organisée de manière à ce qu’aucune donnée personnelle ne puisse être divulguée.

​Deux modalités d'accès aux données

Un accès protégé pour les données identifiantes

Les chercheurs qui souhaitent accéder aux données personnelles peuvent le faire sous certaines conditions. La demande d’accès suit un enchaînement d’autorisations précis et décrit, répondant à la gouvernance des données de la cohorte et au consentement des participants [4].

Une fois ces prérequis obtenus, les données sont accessibles via un espace informatique sécurisé, conformément à la réglementation en vigueur [5].

Un accès ouvert pour les données non-identifiantes

Une mise à disposition des données de manière ouverte est possible grâce à :

leur anonymisation, effaçant toute donnée potentiellement identifiante,

ou leur transformation en jeux de données synthétiques, simulés pour produire des données présentant des caractéristiques statistiques proches, mais ne permettant pas de remonter aux personnes.

​La documentation associée aux données de recherche

Partager des données de santé pour une utilisation différente de ce pour quoi elles étaient destinées au départ nécessite de leur associer une documentation accessible, compréhensible et complète.

En effet, le recueil et/ou l’interprétation de la donnée évoluent dans le temps. Les données sont recueillies en fonction d’un savoir, d’une législation, ou encore de contraintes extérieures qui peuvent changer.

La construction d’une documentation qui accompagne tout le cycle de vie de la donnée constitue dès lors un enjeu de qualité bien connu des épidémiologistes, surtout pour les données de recueil longitudinal.

Le choix des standards de données et de métadonnées

Il existe de nombreux standards de données et de métadonnées dans le domaine de la biologie-santé :

- Les standards de communication médicaux : HL7-FHIR, DICOM

- Les standards de structuration des données et de vocabulaire contrôlé en recherche clinique : CDISC/SDTM, CDISC/ADAM, OMOP

- Les standards de terminologie : CIM 10 pour les maladies ; SNOMED pour les activités cliniques ; LOINC pour les médicaments, les actes cliniques ou biologiques ; Orphanet pour les maladies rares

- Les référentiels géographiques hébergés par les sites de référence : pays, communes, hôpitaux

- Les standards de métadonnées : DDI, DCAT-AP, Data Cite

- etc.

Les 2 grandes étapes de FAIRisation des données

La phase amont du recueil de données

Idéalement, l’étape de structuration et du choix des standards de données, des métadonnées et du vocabulaire doit être définie dès la phase amont du recueil des données.

C’est ce qu’on pourrait appeler le « FAIR à chaud »[6]. Les données et les métadonnées associées sont alors enrichies sous des formats standards tout au long du cycle de vie de la donnée, jusqu’à sa consolidation définitive.

La phase avale du catalogage des données

Le renseignement des métadonnées peut aussi se faire lors du catalogage des données, une fois que ces dernières ont été recueillies, traitées et consolidées. Il s’agit alors d’une étape de « FAIR à froid » [6], avec une documentation manuelle des métadonnées. Dès lors, le travail à fournir par les datamanagers est important. Ce travail doit être envisagé pour les données anciennes.

Le rôle d’accompagnement de France Cohortes

​En définitive, les cohortes perçoivent bien les enjeux associés aux données FAIR : la pérennité, la qualité des données, et la visibilité de leurs travaux.

consolider, aider et perenniser les cohortes

La politique de FAIRisation des données varie selon si les cohortes existent déjà ou sont en cours de création.

Les cohortes déjà constituées recherchent d’abord un outil qui puissent diffuser leur catalogue et leurs processus d’accès aux données (FAIR « à froid »). Par la suite, France Cohortes pourra les accompagner en amont du cycle de vie de la données (FAIR « à chaud »).

Instaurer une démarche FAIR sur les projets est en effet un processus à réaliser étape par étape, jusqu’à ce que cela devienne in fine une bonne pratique totalement intégrée au champ de recherche.

Les cohortes en cours de création intègrent en revanche les processus FAIR dès le début du projet (« à chaud »), au moyen d’un plan de gestion des données et de l’enrichissement automatisé des métadonnées lors de la phase d’élaboration du questionnaire.

La priorité actuelle de France Cohortes consiste dès lors à développer, de manière concertée, un outil centralisant et facilitant la documentation et les métadonnées tout au long de la vie de l’étude de cohorte.

Auteures : Claire Imbaud, Guillemette Pardoux de France Cohortes.
 

Remerciements : Lesya Baudoin de l'Institut de santé publique de l'Inserm, Julie Hubert et Grégoire Rey de France Cohortes, Yvan Le Bras du Museum national d'histoire naturelle (MNHN), l'initiative CLOSER en Grande Bretagne, Doranum, la Banque nationale de données des maladies rares (BNDMR), l'Institut français de bioinformatique (IFB).

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Notes :

[1] L’accès et l’utilisation des données sont encadrées par :

Le règlement général sur la protection des données RGPD — règlement UE 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016), qui encadre le traitement des données pour protéger les citoyens sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne,

Les dispositions sur le secret (art. L. 1110-4 du Code de Santé Publique - CSP), impliquant que toute personne entrant dans le système de santé a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant.

[2] La loi française « pour une république numérique » (loi n° 2016-1321 du 7 octobre 2016) travaille à ouvrir les données tout en renforçant la protection des personnes.

[3] Par exemple, les métadonnées peuvent être :

  • les informations générales sur la cohorte, les objectifs scientifiques, le nom des porteurs de projet et toutes les personnes/institutions associées, les dates de collecte, l’origine des données,
  • des données agrégées descriptives non ré-identifiantes,
  • la liste des variables et les informations associées,
  • des éléments plus spécifiques : test de cohérence,  conditionnement des réponses, type de nettoyage effectué, principales modifications entre vague de collecte, etc.

[4] Le texte de loi encadrant le consentement éclairé des volontaires :

L’article1 L.1122-1-1 du code de la santé publique déclare qu’« aucune recherche biomédicale ne peut être pratiquée sur une personne sans son consentement libre et éclairé, recueilli après que lui a été délivrée l'information prévue ».

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8 min
Dans la lignée d'un atelier FAIR animé récemment par France Cohortes, nous publions un premier article introduisant la démarche FAIR au sein des cohortes.

Les cohortes sont de remarquables instruments de recherche pour l’épidémiologie et la santé publique. Depuis 10 ans en France, nombre d’entre elles ont considérablement enrichi leurs recueils, portées par les programmes d’investissement d’avenir. Elles hébergent désormais des données individuelles et longitudinales d’une grande diversité et d’une grande valeur scientifique.

Aujourd’hui, les jeux de données de plusieurs d’entre elles gagneraient cependant à être plus visibles et davantage partagés, sous certaines conditions éthiques, réglementaires et scientifiques. Le partage des données valorise en effet les études qui les produisent, augmente leur potentiel pour la recherche et contribue à accélérer les progrès dans leurs domaines.

Ainsi, les données recueillies par la cohorte Elfe auprès des 18 000 enfants depuis plus de 10 ans contribuent à produire de nombreuses études sur le développement global de l'enfant, du point de vue de sa santé, de son éducation, et de son environnement de vie.

Pour renforcer les capacités de certaines cohortes à documenter et à partager leurs données comme le fait déjà Elfe, l’infrastructure nationale de recherche France Cohortes souhaite contribuer au déploiement et à la mise en œuvre de la démarche FAIR.

Cet article est organisé en deux parties. La partie 1 présente la démarche FAIR (les bases), la partie 2 expose des pistes de progression possibles offertes aux cohortes de santé publique accompagnées par France Cohortes.

Accéder au deuxième article (avancer ensemble).

Qu’est-ce que la démarche FAIR ?[1]

Auteur : SangyaPundir, CC

« Les principes FAIR Data sont un ensemble de principes directeurs visant à rendre les données trouvables, accessibles, interopérables et réutilisables. Ces principes fournissent des orientations pour la gestion des données scientifiques et sont pertinents pour toutes les parties prenantes de l'écosystème numérique. Ils s'adressent directement aux producteurs et aux éditeurs de données afin de promouvoir une utilisation maximale des données de recherche. [2] »

Faciles à trouver

Pour être réutilisables, les données produites par la recherche doivent être faciles à repérer, tant par les humains que par les machines (par mots clefs sur des moteurs de recherche, par référencement sur des portails connus, etc.). Créer des métadonnées lisibles automatiquement avec un minimum d’intervention humaine est un élément essentiel du processus de FAIRisation.

Accessibles

Une fois que l'utilisateur trouve les données dont il a besoin pour répondre à sa question de recherche, il doit avoir connaissance des modalités d’accès aux jeux de données (juridiques, réglementaire, techniques et scientifiques), surtout lorsqu’il s’agit de données de santé à caractère personnel protégées par le règlement général sur la protection des données (RGPD).

Interopérables

Pour faciliter les échanges entre les différents systèmes d’information, les données et les métadonnées accessibles doivent être disponibles suivant des formats ouverts et des standards connus. En outre, les données doivent interagir avec des applications ou des flux de communication entre systèmes d’information, pour être extraites, traitées et stockées.

Réutilisables

L'objectif ultime de la démarche FAIR est d'optimiser la réutilisation des données. Pour y parvenir, les métadonnées et les données doivent être bien décrites afin qu'elles puissent être reproduites et/ou combinées dans différents contextes.

Pour améliorer l’efficacité de la recherche, la démarche FAIR est donc fortement promue et encouragée par la communauté de la recherche, les tutelles et les organismes financeurs.

Pour la petite histoire...

La démarche FAIR, portée par le mouvement de la science ouverte, est née de discussions, engagées au début des années 2010, au sein de communautés internationales de chercheurs, éditeurs, sociétés savantes, financeurs et archivistes. L’Institut de santé publique de l'Inserm s’est d’ailleurs positionné dès 2014 en faveur de la science ouverte au sein de la commission « open data en santé »[3]. Les différents principes ont été consolidés en 2015 au cours d’une rencontre aux Pays Bas qui a donné lieu à l’article princeps publié dans Nature scientific data en 2016.

Article princeps publié dans Nature scientific data en 2016

En France, le Plan national pour la Science ouverte, publié en 2018 par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, s’est donné comme ambition de rendre à terme les données issues de la recherche financée sur fonds publics conformes aux principes FAIR (axe 2).

En 2021, le deuxième plan national a précisé que ces principes s’appliquaient bien aux données de la recherche en santé, en tenant compte de leur caractère sensible.

La démarche FAIR est en effet portée par le mouvement de l’open data, mais si les données peuvent être partagées, elles ne peuvent l’être de manière ouverte pour des raisons de confidentialité et de protection des personnes.

Source : Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche

FAIR sans le dire

Depuis 2016, les disciplines scientifiques s’organisent donc pour rendre leurs données FAIR. Dans le domaine de l’épidémiologie et de la santé publique, les équipes productrices de données font déjà « du FAIR » sans le nommer, lorsqu’elles se rendent visibles ou mettent en place des procédures d’accès conformes à la réglementation.

La discipline de la santé publique doit cependant rendre la démarche plus homogène et systématique, et développer des outils spécifiques répondant aux exigences des standards et de l’interopérabilité (ces deux points seront définis plus loin).

Les vertus de la démarche FAIR

Face à la massification des données de la recherche dans le monde numérique, appliquer les principes FAIR à toutes les étapes du cycle de vie des données de son projet relève de l’exigence scientifique.

En mettant à disposition leurs données, la documentation et les méthodes, les chercheurs permettent à d’autres chercheurs de reproduire des résultats et des interprétations, et renforcent de facto la confiance dans les résultats de la recherche.

Par ailleurs, en facilitant la réutilisation de leurs données, les cohortes sont plus visibles et se donnent l’opportunité d’être davantage reconnues. Elles peuvent ainsi accroître leur rayonnement, notamment auprès des organismes financeurs.

Inscrire les données produites par les cohortes dans une démarche FAIR est donc un prérequis nécessaire pour faire avancer la science.

Un second article présente les pistes de progression offertes aux cohortes de santé publique accompagnées par France Cohortes.

Accéder au deuxième article (avancer ensemble).

 

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Notes :

[1] Pour plus de détails :

Définition des principes FAIR issue du site de Doranum :https://doranum.fr/enjeux-benefices/principes-fair_10_13143_z7s6-ed26/ DOI : 10.13143/z7s6-ed26

Présentation interactive des principes FAIR sur le site URFIST Méditerranée : https://view.genial.ly/5d64fbbd8352350fa3d22603/interactive-content-les-principes-fair

Présentation des principes FAIR sur le site GO FAIR : https://www.go-fair.org/fair-principles/

[2] Définition fournie par l’Institut Français de Bioinformatique, dans sa formation introductive à la démarche FAIR.

[3] Contribution de l'ITMO Santé publique Aviesan Inserm à la commission "Open Data en santé"

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C’est parti pour le projet TransEAsome !

TransEAsome est une cohorte nationale de patients de 13-14 ans nés avec une atrésie de l'œsophage afin d’évaluer son devenir à long terme en partenariat avec le CHU de Lille, les équipes de PRISM, GO@L, Bilille, Pedstart et l'AFAO.
 

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